Françoise
Vanneraud
Née en 1984 à Nantes.
Site web : www.francoisevanneraud.com
Françoise Vanneraud
Née en 1984 à Nantes.
LAURÉATE CARRÉ SUR SEINE 2019
Pour Françoise Vanneraud, le dessin n’est pas une petite affaire personnelle, mais une recherche concernant la structure même du vivant, qui est du mouvant. Produit par la main, il est producteur de réalité, et s’émancipe de qui tient le crayon, force qui va, savoir sans maître.
Les dessins de Françoise Vanneraud sont des planètes en expansion, d’abord posées sur les murs, ou sur tout espace ne craignant pas de les accueillir, avant que de proliférer sans retenue, se transformant en volumes, concrétions inédites, bizarreries géologiques, fétiches jusqu’alors inconnus.
Le trait devient objet, le noir et blanc devient couleurs, le presque rien devient un presque tout, sans que l’on sache vraiment, après quelques minutes de contemplation, qui engendre qui.
Partant du dessin pour embrasser le volume, ou abandonnant l’objet pour entrer dans un cosmos de traitsayant lui-même ses propres lois de profondeur, l’œil entraîne l’esprit qui entraîne le corps qui entraîne le basculement des espaces et des règnes.
Des fougères, des glaciers, des roches, des astres, une nuit fondamentale.
Nul doute, le monde dans lequel pénètre le regard est un monde premier, d’avant les catastrophes, ou de refondation, après quelque destruction majeure ayant effacé de la surface de la Terre ses derniers habitants.
Silencieux, les paysages de Françoise Vanneraud bruissent pourtant de paroles à venir, considérables, prophétiques, comme le cri rassemblé d’orfraies quittant quelques instants leur ermitage pour inventer le concert des temps nouveaux.
Le cadre pose les conditions de son débordement, fenêtre sèche emportée par les eaux du sublime, en ces heures de travail où l’artiste ne craint plus d’être une romantique allemande égarée dans le labyrinthe d’un présent asphyxié.
La frontière est un amer, qui permet au navigateur de ne pas sombrer, au promeneur d’établir des lignes de perspectives, et de se donner l’illusion d’être lui-même l’un des points de fuite d’un territoire sans fin.
Un personnage s’avance, seul, intimidé, craignant d’abord de troubler la paix des lieux. Il ramasse un caillou, le garde quelques instants dans la main, poing fermé, poing tendu, ressentant profondément la morsure de ses aspérités.
Dans un geste iconoclaste, il le jette soudain violemment contre le dessin, qui l’absorbe aussitôt en une pluie de traits, et l’intègre à la composition générale.
Le vandale se retourne, gêné, révélé, puis ouvre la porte de la galerie dans laquelle il était entré. Il s’en va.
Là-bas, là-haut, dans le lointain si prochedu hors-monde imaginaire de Françoise Vanneraud, les ombres remuent, joueuses et puissantes, en attente d’autres expériences dont elles feront un festin.
Par
LA CASA
– exposition-événement des lauréats du Prix Carré sur Seine, du 3 au 24 février 2023 –
Avec la malle familiale, l’artiste partage une part de son histoire personnelle. Le temps de l’exposition, elle en a retiré les cahiers d’école de sa mère avant le départ d’Alger, les soldats de plombs du père, l’échange épistolaire de la grand-mère avec son amour impossible… Dans l’esprit des souvenirs dont elle a hérité « sans savoir trop quoi en faire », s’amuse-t-elle, elle compose hors de la malle familiale un paysage à partir des paquets de sable qu’elle rapporte de ses voyages, comme la pensée des lieux traversés.
L’approche du paysage selon Françoise Vanneraud se mesure aux crêtes, aux cols, à la minéralité des montagnes. Des massifs qui imposent leurs formats en débordant des cimaises, en s’épanchant de lumière, de coulées vertes ; « un paysage n’est jamais innocent », avertit-elle ; il se confronte aux frontières naturelles. Notamment les sommets qu’elle découpe suivent les relevés de flux d’hommes et de femmes morts en mer sur le chemin de l’exil. Face à ces « ogres de paysages », elle tente de faire mémoire.
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